Depuis une bonne heure déjà, nous avions été tirés du sommeil par la fin de la nuit et l'humidité du petit matin.
Elie cuisinait le petit-déjeuner après être allé chercher du pain.
De l'autre côté de la vallée, le soleil s'annonçait, coloriant le haut des montagnes d'une lueur orangée, très douce. Au-dessus de nous, quelques rayons commençaient à auréoler certains sommets.
Progressivement, la zone d'ensoleillement s'est étendue dans la vallée, chassant l'engourdissement humide de la nuit.
Elle nous a éclaté à la figure, d'un coup, en passant la crête, créant un reflet d'incendie sur le lac.
La philosophie d'Elie
Elie m'explique sa conception de la vie et le degré de civilisation qu'il peut supporter.
Il aime les gens rudes des lacs et des montagnes. Les indiens sont venus tout transformer en s'établissant jusqu'ici, il y a une vingtaine d'années. Depuis, ils croissent, installent le business et d'autres pollutions, sonores, visuelles; de mauvaises choses en tout cas.
Il préfère très nettement l'époque glorieuse et britannique pendant laquelle aller au Ladakh mobilisait trente mules, une quinzaine d'hommes et des vivres en quantité. Il me mime les gens qui avaient coutume de se vêtir comme lui, en homme simple, et que le progrès et le business ont transformés. Ils sont devenus gros et importants (il écarte les bras et joue à celui qui veut être considéré). Ils portent des lunettes (horrible disgrâce, prothèse malheureuse sur le visage de l'homme), veulent être vêtus à l'occidental. Ils se lavent les dents en plus et discutent entre eux sans être droits. Lui est habillé simplement, parle droit; sinon il fume et regarde la beauté du monde.
Nous avons pris le déjeuner, riz et légumes qui se font rares au milieu du lac, sur une ile belvédère du nom de Sona Lank.
Jardins flottants, carottes vénéneuses
Dans l'après-midi, nous nous sommes rendus au Nagin Lake en traversant par des pistes aquatiques tracées dans le jonc.
Passage par les fameux floating-gardens, mottes de terre liées par de l'herbe qui s'enfonçaient avec un bruit spongieux quand Elie pesait dessus de tout son poids. Sous les bouses de vache et les excréments humains, s'épanouiront dans quelques temps de savoureuses carottes vénéneuses...
Le Nagin Lake est pollué de house-boats tous plus ringards les uns que les autres. Par curiosité, je suis allé visiter un de ces navires pompeux, le Winston Churchill Super Deluxe.
Château arrière douillet et raffiné, intérieur de style anglais vendu par correspondance. Des photos de la famille royale britannique aux murs. Un jeune indien courtois et commerçant fait l'entremetteur entre moi et les deux chambres à coucher deux places. Ça peut être amusant quelques jours de s'imaginer riche anglais dans son salon, propre et réservé, dans un pays exotique et sous-développé.
L'eau est très pure, à part cette végétation qui n'incline pas à la natation.
Seul malheur, évidemment, cette intrusion du ski-nautique dans l'univers sonore du lac.
Le type de l'indien riche et gonflé que mimait Elie a un représentant ayant du mal à tenir en équilibre sur une planche carrée que tire un bateau. Comme un témoin ivre lors d'un procès, il tient une barre horizontale qui le relie à la planche. Bel exemple de prouesse physique en effet.
Après un bain revigorant et une petite sieste dans les roseaux, nous rentrons coucher au Dal Lake. C'est sur ce chemin que j'ai expérimenté l'envoûtement de la rame de sikhara en forme de cœur.
Nouvelle nuit sur le lac.
_____________________La carte de la journée_____________________
Elie cuisinait le petit-déjeuner après être allé chercher du pain.
De l'autre côté de la vallée, le soleil s'annonçait, coloriant le haut des montagnes d'une lueur orangée, très douce. Au-dessus de nous, quelques rayons commençaient à auréoler certains sommets.
Progressivement, la zone d'ensoleillement s'est étendue dans la vallée, chassant l'engourdissement humide de la nuit.
Elle nous a éclaté à la figure, d'un coup, en passant la crête, créant un reflet d'incendie sur le lac.
Lever de soleil sur Woont Kadal Bridge et Nishat Suth, Dal Lake, Srinagar |
Lever de soleil sur Nishat Suth, Dal Lake, Srinagar |
Lever de soleil sur Nishat Suth, Dal Lake, Srinagar |
Lever de soleil sur Nishat Suth, Dal Lake, Srinagar |
La philosophie d'Elie
Elie m'explique sa conception de la vie et le degré de civilisation qu'il peut supporter.
Il aime les gens rudes des lacs et des montagnes. Les indiens sont venus tout transformer en s'établissant jusqu'ici, il y a une vingtaine d'années. Depuis, ils croissent, installent le business et d'autres pollutions, sonores, visuelles; de mauvaises choses en tout cas.
Il préfère très nettement l'époque glorieuse et britannique pendant laquelle aller au Ladakh mobilisait trente mules, une quinzaine d'hommes et des vivres en quantité. Il me mime les gens qui avaient coutume de se vêtir comme lui, en homme simple, et que le progrès et le business ont transformés. Ils sont devenus gros et importants (il écarte les bras et joue à celui qui veut être considéré). Ils portent des lunettes (horrible disgrâce, prothèse malheureuse sur le visage de l'homme), veulent être vêtus à l'occidental. Ils se lavent les dents en plus et discutent entre eux sans être droits. Lui est habillé simplement, parle droit; sinon il fume et regarde la beauté du monde.
Nous avons pris le déjeuner, riz et légumes qui se font rares au milieu du lac, sur une ile belvédère du nom de Sona Lank.
Jardins flottants, carottes vénéneuses
Dans l'après-midi, nous nous sommes rendus au Nagin Lake en traversant par des pistes aquatiques tracées dans le jonc.
Jardins flottants et Shankaracharya Hill, Dahl Lake, Srinagar |
Habitations, Dahl Lake, Srinagar |
Habitations, Dahl Lake, Srinagar |
Passage par les fameux floating-gardens, mottes de terre liées par de l'herbe qui s'enfonçaient avec un bruit spongieux quand Elie pesait dessus de tout son poids. Sous les bouses de vache et les excréments humains, s'épanouiront dans quelques temps de savoureuses carottes vénéneuses...
Jardins flottants et Hari Parbat sur Sharika hill, Dal Lake, Srinagar |
Sikhara et montagnes, Nagin Lake, Srinagar |
Le Nagin Lake est pollué de house-boats tous plus ringards les uns que les autres. Par curiosité, je suis allé visiter un de ces navires pompeux, le Winston Churchill Super Deluxe.
Château arrière douillet et raffiné, intérieur de style anglais vendu par correspondance. Des photos de la famille royale britannique aux murs. Un jeune indien courtois et commerçant fait l'entremetteur entre moi et les deux chambres à coucher deux places. Ça peut être amusant quelques jours de s'imaginer riche anglais dans son salon, propre et réservé, dans un pays exotique et sous-développé.
L'eau est très pure, à part cette végétation qui n'incline pas à la natation.
Seul malheur, évidemment, cette intrusion du ski-nautique dans l'univers sonore du lac.
Le type de l'indien riche et gonflé que mimait Elie a un représentant ayant du mal à tenir en équilibre sur une planche carrée que tire un bateau. Comme un témoin ivre lors d'un procès, il tient une barre horizontale qui le relie à la planche. Bel exemple de prouesse physique en effet.
Après un bain revigorant et une petite sieste dans les roseaux, nous rentrons coucher au Dal Lake. C'est sur ce chemin que j'ai expérimenté l'envoûtement de la rame de sikhara en forme de cœur.
Habitations, Dahl Lake, Srinagar |
Nouvelle nuit sur le lac.
Coucher de soleil sur le Dal Lake, Srinagar |
Coucher de soleil sur le Dal Lake, Srinagar |
Coucher de soleil sur le Dal Lake, Srinagar |
_____________________La carte de la journée_____________________
Tombé par hasard sur votre blog. De belles photos. Chaque jour, un dépaysement et des rencontres. Merci pour le voyage. Continuez. Yann.
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