11 octobre 1981

J001 - Delhi : mon premier contact avec l'Inde, Connaught Circus, le bazar et les éléphants

Réveil comme prévu après une nuit sans problème.

Dans la salle du premier étage où sont servis les petits-déjeuners, je rencontre Peter, un germano-américain blond de 29 ans. Nous ferons nos courses ensemble dans l'après-midi : il a besoin de photos d'identité pour obtenir un visa pour le Népal ; de mon côté, je projette de me renseigner au syndicat d'initiative sur les possibilités d'entrée au Ladakh.

Après avoir rejoint et suivi Janpath Lane, nous atteignons Connaught Circus. Le soleil est puissant mais l'atmosphère, pas trop humide, rend la situation supportable.

Connaught Circus est une gigantesque place.
On sent sa présence lorsqu'en s'en rapprochant, la configuration du quartier change. Des vaches paissent sur le gazon. Une fontaine à l'architecture originale, qui soutient des moulages bizarres de plastique coloré, traîne au centre de la place.
Nous croisons des européens "avertis" qui ont laissé pousser barbes et cheveux, troqué leurs habits contre des éléments de costume locaux, et regardent les touristes "voyeurs" avec mépris.
Un blanc, barbu, passe, fier et absorbé, comme s'il avait procédé à l'assimilation de certains caractères qui font l'âme indienne. Il va son chemin, chaussé de sandales et drapé dans des tissus indigènes. Où va-t-il, que fait-il ?
Une impression de malaise peut laisser penser qu'il n'a pas trouvé son chemin, même après être allé si loin.

Nous passons à Central Railway Station, la gare de New Delhi : j'y apprends la différence entre l'Air Conditionned Class et la Second Class et les tarifs associés.
Avant de choisir l'Indra Rail Pass, je pense me payer un ticket de seconde pour Srinagar. Juste pour voir l'effet que ça fait, quitte à ne pas recommencer. Cet engagement de trois mois me fait quand même un peu réfléchir.

Sortis de la gare, nous tombons dans un bazar animé par le grouillement de la vie indienne. Toutes les échoppes sont très pittoresques, l'artisanat intéressant.


Nous assistons à un défilé qui met en compétition plusieurs orchestres. Dans la rue bordée d'étalages, la foule doit se ranger pour laisser passer quelques porte-drapeaux ouvrant la marche, épaulés par deux éléphants coloriés sur le front et les oreilles, portant dans leur baldaquin des enfants sombres au visage épanoui. A nos côtés, des indiens s'affolent pour distribuer, dans des verres, de l'eau fraîche à tous ces figurants assoiffés. Ceux qui défilent tendent les mains, les bénévoles s'agitent, l'eau déborde et gicle un peu partout.

Dans la rue bordée d'étalages, la foule doit se ranger
pour laisser passer quelques porte-drapeaux ouvrant la marche...
…épaulés par deux éléphants…
…coloriés sur le front et les oreilles…
…portant dans leur baldaquin des enfants sombres au visage épanoui.
Des indiens s'affolent pour distribuer, dans des verres, de l'eau fraîche à tous ces figurants assoiffés.
Ceux qui défilent tendent les mains, les bénévoles s'agitent, l'eau déborde et gicle un peu partout.

Par petites étapes, les chars défilent devant nous. Chacun, même au sein d'un orchestre, joue sa musique si bien que la cacophonie atteint un degré intéressant lorsqu'on considère le défilé dans son ensemble. Le dernier char est doré et ses flancs sont ouvragés. Au sommet, sous un petit toit, trône un guru drapé de jaune. Il est assez gras.
Les derniers trombones mouillés (au diable l'avarice, on leur servait même à boire aujourd'hui) s'éloignent avec leurs notes de musique.

Nous continuons de marcher un peu avant d'entrer dans un café. Dans la salle sombre, je constate le même accueil froid et indifférent des européens déjà installés. Pas un indien dans l'assistance. Aucune vie parmi ces couples ou ces petits groupes qui boivent ou mangent le regard vide, perdus dans d'incommunicables réflexions...
Nous nous asseyons et commandons notre premier lassi. Lorsque nous quittons cet endroit, j'en aurais ingurgité trois grands verres.
Il s'agit d'une boisson fraîche à base de lait qui fait penser à une douce mousse de yaourt. C'est très bon, léger et en même temps bien nourrissant.
Je n'ai pas aimé l'allure du junky qui est venu demander à Peter de lui vendre des amphétamines. Ses bras ornés de bracelets de toile qui prenaient appui sur notre table étaient vraiment trop décharnés.

Trois lassis plus tard … 


La promenade continue parmi cette foule qui s'affaire.
Le sentiment de l'immensité indienne saisit à la gorge lorsque, par moments, la densité dans les rues prend des proportions inquiétantes. Harcelé par les klaxons, quand ce n'est pas par les roues des motocyclettes elles-mêmes, la sensation d'insécurité est permanente. Impossible de flâner tranquillement tête en l'air, non que l'on vous en veuille, mais vous gênez le flot qui s'écoule à son rythme, et vous manquerez infailliblement d'être renversé par un mendiant, un vélo, une femme ou une vache.
Soudain une porte s'ouvre et, d'une cour intérieure, des enfants jaillissent de leur école, venant saturer la foule déjà compacte. La compression se fait encore plus forte. Désormais nous piétinons, les tricycles, motocyclettes et autres pousse-pousses s'étant enlisés un peu en aval dans une masse humaine qui n'accepte plus les corps étrangers.
Sortis du marché, nous respirons un peu dans des artères moins fréquentées. Avant d'être abordés par un sikh qui nous demande si nous n'avons rien à vendre...
Nous passons au Metropolitan boire un dernier lassi. La faune n'a pas changé. Toujours aussi européenne et amorphe.

Nous rentrons doucement vers l'hôtel. Dans un petit boui-boui, nous mangeons et buvons quelques petites choses : dal fried, nans, Campa Cola, Limca Cola, le tout pour moins de 10 roupies.


______________________La carte de la journée____________________


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