14 octobre 1981

J004 - Delhi : déjà malade, tourisme fébrile


Déjà malade ?

Peter est parti ce matin.
Réveillés par un tout vieux et tout petit bonhomme au visage bronzé et buriné, nous nous sommes séparés quelques heures plus tard.
Je voulais partir visiter Humayun's Tomb. Au moment de sortir, je n'en avais plus envie : nausées, fièvre légère, fatigue et suées. Je me suis remis au lit et stimulé par quelques médicaments, espérant que les choses allaient s'arrêter là.
La fièvre est déjà tombée avec l'aspirine.
Tout à l'heure, j'irai à l'ambassade du Népal. L'essentiel est que je m'offre deux bonnes nuits avant mon trajet en bus dans le nord. Je reviendrais ici si je me sens trop fatigué, sinon, j'irais faire un tour en ville.


En aparté : toilettes indiennes

Il me faut dire un mot aussi sur les toilettes / salle de bains communes aux quatre chambres de ce côté-ci de la terrasse.
Le lavabo est cassé de façon bizarre. Toute une partie du fond de la cuvette manque, comme si quelque chose de très lourd était passé au travers. Le bidet a également souffert, les morceaux de faïence fracassés tiennent encore ensemble mais pivotent quasi librement autour de l'axe d'acier qui armait l'ensemble.
Quant aux chiottes à la turc, démunies de papier, il m'a fallu apprendre à les utiliser sans. Le seau est à côté, avec son gobelet plastique pour puiser l'eau qu'on verse sur la main ayant servi à nettoyer l'orifice. Rien de bien dégoûtant en fait, tout cela est nettoyé tout de suite et il n'en reste même pas un mauvais souvenir, à défaut d'odeur.


Tourisme fébrile...

J'ai récupéré sans problème mon visa à l'ambassade du Népal. En sortant, je suis tombé sur un chauffeur de taxi roublard que nous avions fréquenté deux fois avec Peter. Après avoir marchandé quelque temps, je négocie un forfait touristique pour 100 roupies comprenant Humayun's Tomb et Qutb Minar.

Nous prenons une direction sud qui passe par India Gate, dépassons le vieux fort de Purana Qila que je n'ai ni le temps ni la présence d'esprit de photographier. Devant, mon chauffeur va bon train. Nous arrivons assez vite à Humayun's Tomb.

A droite en entrant, la tombe d'Isa Khan Niyazi, joli monument chargé de beaux ornements. Un petit indien m'ayant pris pour cible, je fais le tour des bâtiments sous ses harcèlements. Il m'indique que là où je marche, il y a des serpents, l'endroit d'où je dois prendre une photo, etc...tout cela par geste et croassements car il est sourd et muet.
Lorsque je lui donnerais un crayon, son visage s'illuminera de façon extraordinaire. Et, chaque fois que je le rencontrerais dans l'aire historique, il me fera de petits signes de reconnaissance, me montrant une petite marque jaune qu'il vient de se dessiner sur l'ongle.


Depuis la porte nord : tombeau d'Isa Khan Niyazi, proche de Humayun's tomb, Delhi

Tombeau d'Isa Khan Niyazi, proche de Humayun's tomb, Delhi

Entrée nord, tombe d'Isa Khan Niyazi, proche de Humayun's tomb, Delhi

Le tombeau de Humayun est atteint après avoir traversé plusieurs portails. Soudainement, la dernière porte franchie, le mausolée se découvre entièrement, coiffé d'une gigantesque coupole.


Tombeau de Humayun, Delhi

Tombeau de Humayun, Delhi

On accède par un escalier à la plate-forme du mausolée d'où l'on découvre un très bel horizon de végétation duquel émerge le sommet de temples.
Je ne traîne pas car un soleil de plomb accentue ma fièvre.


Coupoles de Nila Gumbad et de Nai-ka-Gumbad, Tombeau de Humayun, Delhi

Pour rejoindre le site archéologique de Qutb Minar, il faut un bon bout de temps en rickshaw.


Qutb Minar, Delhi

On ne peut accéder qu'au premier étage de ce minaret "le plus haut du monde", mais la hauteur est déjà impressionnante.


Depuis le premier étage : mosquée Quwwat-ul-Islam et Iron Pillar, Qutb Minar, Delhi

Au pied du minaret, une très jolie porte au chambranle de grès ouvragé.


Mosquée Quwwat-ul-Islam et Qutb Minar, Delhi

Remarque qui reste valable pour tous les lieux touristiques que j'ai eu l'occasion de visiter jusqu'à présent : on n'y rencontre aucun touriste. Ceux-ci restent à New Delhi ou se rencontrent dans des cafés pour européens défoncés.

Retour par Raj Path qui relie l'India Gate au palais présidentiel Rashtrapati Bhavan.


Jaipur Column et Rashtrapati Bhavan, Rajpath, Delhi

Depuis Rashtrapati Bhavan : India Gate, Rajpath, Delhi

Delhi Business

Parmi les combines que mon guide n'arrête pas de me suggérer (change illégal, pierres précieuses, substance prohibées…) vient s'ajouter un scénario dont j'ai déjà entendu parler : acheter des pierres à Delhi, les faire monter à Katmandou et les revendre en France en empochant un substantiel bénéfice ("make good money").
Je suis donc conduit dans l'arrière-boutique d'un joaillier. Nous nous retrouvons à une table basse pendant que l'on m'offre du thé, que je dois accepter, me dit le marchand, comme signe de l'hospitalité indienne. J'accepte, feignant d'ignorer les motifs qui animent l'amabilité du personnage.
Les choses se gâtent lorsque, après avoir déballé ses pierres pendant une demi-heure, il me faut choisir celle que je désire.
Il me fait les rubis à 200 roupies le carat. Je ne sais si c'est un bon prix, mais il est prêt, devant mon indécision, à faire des concessions. Je dois alors lui expliquer que je ne veux pas acheter tout de suite, ce que je lui avais dit depuis le début, que je vais au Ladakh et repasserai ensuite à Delhi, que je préfère réfléchir avant d'acheter telle ou telle quantité ou qualité,...
Il commence alors carrément à faire la gueule et à remballer ses pierres. Il me quitte ensuite, me laissant seul avec le guide, comme un personnage sans intérêt.

La BNP, sur Kasturba Gandhi Road, est ouverte ce coup-ci, mais ne délivre pas d'argent sur présentation de la carte bleue. Pour cela, il me faut aller à l'American Bank, fermée à l'heure qu'il est.
Il ne me reste que quelques roupies en poche, il me faut rapidement trouver un bureau de change. Après bien des errances et des attentes, je parviens à changer 100 $ à la Bank of Baroda sur Parliament Street.
Le caissier, que j'ai attendu une heure en allant déjeuner chez Kuwait, ne m'épargne pas. 100 $, ça fait 902 roupies. Je vérifie la somme, puis signe le bordereau de change pendant qu'il recompte à nouveau après avoir saisi la liasse. Par réflexe, je recompte après lui, j'en suis au troisième billet, quand, ô stupeur, il ressort de mauvaise grâce un billet qui s'était égaré derrière le comptoir.

Riche à nouveau, je m'enquiers d'un bureau de poste ouvert à cette heure tardive et le trouve sans difficulté.
Le retour s'effectue sans problème après une longue marche à pied.

Fatigué, légèrement fiévreux et quelque peu troublé au niveau intestinal, je me mets au lit après m'être bourré de médicaments. Je sens mon mal s'aggraver et multiplie les doses au cours de la nuit : Intetrix, Immodium, Aspirine, Coramine Glucose, Elixir Parégorique, Vitamine C et même, pour la première fois de mon existence, boules Quies.

_____________________La carte de la journée_____________________

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