L'Inde, destination classique pour un voyage initiatique. Ce carnet de voyage relate jour par jour impressions et états d'âme. Il sera agrémenté autant que possible de photos ou de dessins.
06 janvier 1982
J088 - Goa, jour 6 : toujours de l'acupuncture
Ce matin, acupuncture
Diagnostiquant une faiblesse du foie, on change l’emplacement des banderilles.
La grosse italienne, bécasse et gentille, cherche « lever » (le foie) sur sa carte de l’oreille pour être sûre d’être au bon endroit. Ensuite elle tente de localiser l’emplacement exact avec un petit appareil électronique muni d’une pointe qu’elle écrase un peu partout dans l’attente d’un bip-bip plus violent. Cet engin ne m’inspire pas plus confiance qu’un branchement quelconque au sein du synthé artisanal bricolé par mon frère. La fille se guide d’ailleurs davantage sur mes grimaces de douleur que sur les ridicules bips sonores.
Après avoir localisé les endroits supposés guérir le foie, elle m’y enfonce des aiguilles extrêmement douloureuses. Lorsqu’elle me demande si je sens quelque chose, je répondrais n’importe quoi pour qu’elle me laisse tranquille car elle est là, pataude, tournant autour de mes oreilles, inquiète d’avoir trouvé le bon endroit, et prête à corriger son approximation en recommençant son semis de douleur un peu plus loin. Non merci, sans façon !
Me voilà pestant quelque peu devant tout ce temps perdu, assistant à ce petit jeu avec mon sens de l’observation habituel qui tourne à l’aigre : « et si on jouait au docteur ? ».
Enfin libéré
Me voilà en possession de quelques noms de médicaments, dont un qu’il me faudra couper avec du vin. Le docteur semble très fier de prescrire « le vin que vous préférerez », curieux produit miracle pour un malade du foie.
Ma foi, elle, est bien entamée par les agissements de mes docteurs. Je les quitte, disant « OK ! OK ! » à tous ceux qui autour de moi multiplient les conseils les plus divers, m’éloignant progressivement en acquiesçant continuellement, peu désireux de contrarier cette bande de cinglés.
Pour me changer les idées, je vais me baigner, puis partage avec Christophe une assiette de prawns qui me resteront sur l’estomac.
Ça n’était pas indiqué, mais le docteur m’avait tellement seriné que je n’étais qu’anémié, j’avais envie de vivre quoi !
Et ça valait la peine : ce soir-là, le coucher de soleil enflammait l’horizon d’une irradiation orange, laissant la mer retrouver un bleu intense venant des profondeurs et offrant un spectacle splendide.
« Bis ! » « Non ! Demain ! ».
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