Tôt le matin, rendez-vous au Transport Office.
Les bus sont groupés en dépit du bon sens. La pompe qui sert à les ravitailler dénote étrangement au milieu des chortens environnants.
Départ pour Stok quelque peu retardé.
Après avoir descendu la pente jusqu’au Handicraft Center en essayant vainement de démarrer le moteur trop froid du bus, le conducteur est contraint de se ranger sur le côté gauche de la route.
Le matin, comme à Kargil, les chauffeurs “chauffent” leur moteur par en dessous, avec des bouses enflammées. Notre bus, chauffé aussi à l’intérieur, recelait une fumée nauséabonde. Heureusement, nous étions au grand air, derrière, pour pousser.
Le bus qui nous dépanne est à peu près vide, jusqu’au bas de la route menant du fleuve Indus au palais de Stok.
A cette station, de nombreux ladakhis s’engouffrent et saturent le bus, m’obligeant à porter sur les genoux le volumineux sac à dos qui constitue dès lors mon seul horizon.
Pendant le trajet, derrière moi, deux femmes et un homme ne cessent de marmonner une étrange litanie qui ressemble à des comptines enfantines teintées de gâtisme. On croirait qu’ils font ça pour rigoler, mais non, quand on les regarde, ils continuent à susurrer très sérieusement.
La reine du Ladakh est partie se réchauffer à Delhi puisque la saison touristique est terminée. Le musée est fermé. Nous devons à l’amabilité d’un lama la chance d’avoir pu observer les portes cadenassées qui donnent sur la cour à l’intérieur du palais.
Au dessus du palais, un peu à l’écart, nous improvisons un pique-nique à l’abri d’un monument blanc abritant de petits chortens.
A nos pieds, la vallée où coule l’Indus, extraordinairement vierge de toute construction sur notre gauche. Beauté de la montagne, pureté de l’air, soleil.
Cellule cassée !
Bricolage audacieux de mon appareil photo, dont la cellule a souffert d’un choc, ce matin, dans le bus. J’apprends beaucoup en démontant cette mécanique de précision, mais la caméra, elle, n’en retire pas grand chose.
Nous nous attardons sur ce promontoire des plus agréables, estimant qu’une demi-heure suffira largement à atteindre la route en contrebas, de l’autre côté du fleuve.
Intermède cosmétique
L’arrivée de deux vieilles femmes ladakhies perturbe notre tranquillité. La plus jeune indique du doigt la peau de son visage, qui ne présente aucune malformation spectaculaire, en nous faisant comprendre qu’on peut faire quelque chose pour elle. L’autre intervient à son tour et veux me faire palper ce qui doit être une bosse au travers de ses cheveux.
Toutes les deux insistent, persuadées que, vu comme nous sommes vêtus, soigner des petits maux entre dans nos compétences, tout au moins dans nos attributions.
Nous échangeons des coups d’œil interrogateurs au moment du double diagnostic, sceptiques lorsqu’on nous demande un traitement et légèrement hilares devant l’insistance de ces deux femmes qui sollicitent notre intervention salutaire.
En désespoir de cause, après que tous les gestes mimant notre impuissance et notre dénuement n’aient en rien entamé leur conviction, je me décide à donner à la plus jeune, que son épiderme facial inquiète, un peu de crème après-soleil qui ne pourra pas lui faire de mal.
Je lui montre la bouteille, me verse une noix de crème sur le bout des doigts que je porte à mon visage, sur lequel j’exerce un lent massage à vocation didactique. Quand vient le tour de la femme, celle-ci refuse de recueillir le produit dans sa paume pour un usage immédiat. Elle farfouille dans ses poches, en retire un bout de papier qu’elle me présente. Devant mon refus interloqué, elle envoie un des enfants en désignant des détritus sur les berges du fleuve. Elle me tend bientôt un morceau de plastique sale, tout juste débarrassé de ses gros morceaux de terre séchée. Je lui transvase un peu de crème immaculée sur cette surface souillée qu’elle plie ensuite soigneusement, en évitant de faire couler le précieux liquide.
Vient ensuite le tour de la plus âgée, à la peau sale, tannée, ridée, de réclamer sa part de crème après-soleil, adoucissante et hydratante. Pour en finir, je lui tends l’élégante bouteille plastifiée d’ambre solaire. La femme n’en revient pas. Elle me remercie en s’écrasant à plusieurs reprises sur les galets de la berge. Elle accomplit ainsi, sur plusieurs mètres, un comique recul entrecoupé de courbettes exprimant sa satisfaction. Elle me gratifie d’un dernier “julai” avant de disparaitre avec sa compagne. Nous n’en finissons pas de rire.
Le bus arrive enfin et nous recueille, grelottants, au bord de la route poussiéreuse. Arguant du coefficient excessif de remplissage intérieur, nous grimpons, comme dans les westerns classiques, sur le toit du véhicule. Convenablement emmitouflé, cette façon de voyager permet de jouir sans contrainte de l’envoutant paysage, de percevoir toute la magie de l’espace que définissent les horizons montagneux.
Shey puis, au détour d’un tournant, assis sur une colline, plus loin dans la vallée, Thiksey.
Le Champa Hotel est le seul ouvert. Nous y établissons nos quartiers et, après un rapide repas, nous engouffrons à quatre dans la petite chambre.
_____________________La carte de la journée_____________________
Les bus sont groupés en dépit du bon sens. La pompe qui sert à les ravitailler dénote étrangement au milieu des chortens environnants.
Arrêt de bus et gompas, Leh, Ladakh |
Départ pour Stok quelque peu retardé.
Après avoir descendu la pente jusqu’au Handicraft Center en essayant vainement de démarrer le moteur trop froid du bus, le conducteur est contraint de se ranger sur le côté gauche de la route.
Le matin, comme à Kargil, les chauffeurs “chauffent” leur moteur par en dessous, avec des bouses enflammées. Notre bus, chauffé aussi à l’intérieur, recelait une fumée nauséabonde. Heureusement, nous étions au grand air, derrière, pour pousser.
Le bus qui nous dépanne est à peu près vide, jusqu’au bas de la route menant du fleuve Indus au palais de Stok.
A cette station, de nombreux ladakhis s’engouffrent et saturent le bus, m’obligeant à porter sur les genoux le volumineux sac à dos qui constitue dès lors mon seul horizon.
Pendant le trajet, derrière moi, deux femmes et un homme ne cessent de marmonner une étrange litanie qui ressemble à des comptines enfantines teintées de gâtisme. On croirait qu’ils font ça pour rigoler, mais non, quand on les regarde, ils continuent à susurrer très sérieusement.
Arrivée à Stok, Ladakh |
La reine du Ladakh est partie se réchauffer à Delhi puisque la saison touristique est terminée. Le musée est fermé. Nous devons à l’amabilité d’un lama la chance d’avoir pu observer les portes cadenassées qui donnent sur la cour à l’intérieur du palais.
Palais de Stok, Ladakh |
Au dessus du palais, un peu à l’écart, nous improvisons un pique-nique à l’abri d’un monument blanc abritant de petits chortens.
A nos pieds, la vallée où coule l’Indus, extraordinairement vierge de toute construction sur notre gauche. Beauté de la montagne, pureté de l’air, soleil.
Pique-nique au dessus de Stok, Ladakh |
La vallée de l'Indus, Stok, Ladakh |
La vallée de l'Indus, Stok, Ladakh |
Palais de Stok, Ladakh |
Chortens, Stok, Ladakh |
Chortens, Stok, Ladakh |
Cellule cassée !
Bricolage audacieux de mon appareil photo, dont la cellule a souffert d’un choc, ce matin, dans le bus. J’apprends beaucoup en démontant cette mécanique de précision, mais la caméra, elle, n’en retire pas grand chose.
Nous nous attardons sur ce promontoire des plus agréables, estimant qu’une demi-heure suffira largement à atteindre la route en contrebas, de l’autre côté du fleuve.
Entre Stok et Choglamsar, Ladakh |
Entre Stok et Choglamsar, Ladakh |
Entre Stok et Choglamsar, Ladakh |
Entre Stok et Choglamsar, Ladakh |
Deux heures plus tard, nous arrivons à peine, surpris par la distance que la pureté de l’air nous avait fait mésestimer.
S'ensuivent deux heures d’attente, que nous passons sur les rives de l’Indus, qui lisant, qui finissant son courrier.
Pont sur l'Indus, entre Stok et Choglamsar, Ladakh |
Intermède cosmétique
L’arrivée de deux vieilles femmes ladakhies perturbe notre tranquillité. La plus jeune indique du doigt la peau de son visage, qui ne présente aucune malformation spectaculaire, en nous faisant comprendre qu’on peut faire quelque chose pour elle. L’autre intervient à son tour et veux me faire palper ce qui doit être une bosse au travers de ses cheveux.
Toutes les deux insistent, persuadées que, vu comme nous sommes vêtus, soigner des petits maux entre dans nos compétences, tout au moins dans nos attributions.
Nous échangeons des coups d’œil interrogateurs au moment du double diagnostic, sceptiques lorsqu’on nous demande un traitement et légèrement hilares devant l’insistance de ces deux femmes qui sollicitent notre intervention salutaire.
En désespoir de cause, après que tous les gestes mimant notre impuissance et notre dénuement n’aient en rien entamé leur conviction, je me décide à donner à la plus jeune, que son épiderme facial inquiète, un peu de crème après-soleil qui ne pourra pas lui faire de mal.
Je lui montre la bouteille, me verse une noix de crème sur le bout des doigts que je porte à mon visage, sur lequel j’exerce un lent massage à vocation didactique. Quand vient le tour de la femme, celle-ci refuse de recueillir le produit dans sa paume pour un usage immédiat. Elle farfouille dans ses poches, en retire un bout de papier qu’elle me présente. Devant mon refus interloqué, elle envoie un des enfants en désignant des détritus sur les berges du fleuve. Elle me tend bientôt un morceau de plastique sale, tout juste débarrassé de ses gros morceaux de terre séchée. Je lui transvase un peu de crème immaculée sur cette surface souillée qu’elle plie ensuite soigneusement, en évitant de faire couler le précieux liquide.
Vient ensuite le tour de la plus âgée, à la peau sale, tannée, ridée, de réclamer sa part de crème après-soleil, adoucissante et hydratante. Pour en finir, je lui tends l’élégante bouteille plastifiée d’ambre solaire. La femme n’en revient pas. Elle me remercie en s’écrasant à plusieurs reprises sur les galets de la berge. Elle accomplit ainsi, sur plusieurs mètres, un comique recul entrecoupé de courbettes exprimant sa satisfaction. Elle me gratifie d’un dernier “julai” avant de disparaitre avec sa compagne. Nous n’en finissons pas de rire.
Le bus arrive enfin et nous recueille, grelottants, au bord de la route poussiéreuse. Arguant du coefficient excessif de remplissage intérieur, nous grimpons, comme dans les westerns classiques, sur le toit du véhicule. Convenablement emmitouflé, cette façon de voyager permet de jouir sans contrainte de l’envoutant paysage, de percevoir toute la magie de l’espace que définissent les horizons montagneux.
Shey puis, au détour d’un tournant, assis sur une colline, plus loin dans la vallée, Thiksey.
Le Champa Hotel est le seul ouvert. Nous y établissons nos quartiers et, après un rapide repas, nous engouffrons à quatre dans la petite chambre.
_____________________La carte de la journée_____________________