L'Inde, destination classique pour un voyage initiatique. Ce carnet de voyage relate jour par jour impressions et états d'âme. Il sera agrémenté autant que possible de photos ou de dessins.
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01 mars 1982
J142 - trajet Ganeshpuri - Bombay - Ahmedabad
Départ de Ganeshpuri en bus à 6h30, arrivée 10h à Bombay Central.
A Church Gate, tous les trains sont complets.
Retour à Bombay Central pour passer à la banque.
12h30, je monte dans un train pour Ahmedabad.
Par chance un indien amical me permet d'obtenir une couchette.
Nuit dans le train.
_____________________La carte de la journée_____________________
19 février 1982
J132 - Bus Bombay - Aurangabad
Réveil tardif.
Petit déjeuner puis bricolage de mon sac à dos en coffre-fort.
Viré du Stiffles à 13h30 : passage à la gare, dépôt de mon sac puis je traîne jusqu’au départ du bus.
Coiffeur, longues poses au Kailash qui a l'air conditionné.
Bus de luxe à moitié vide.
Nuit bien inconfortable avec de multiples arrêts.
_____________________La carte de la journée_____________________
18 février 1982
J131 - A. est partie pour Delhi, seul à Bombay
Nous prévoyons largement le temps de transport jusqu’à Bombay Central.
Bus n°70, gare, dernier café ensemble et la voilà dans son wagon qui, un peu plus tard, s’éloigne.
Lanterne rouge, les accompagnateurs refluent, je suis seul. Elle aussi.
Achat d'un ticket pour Aurangabad : départ demain à 20h15 platform 8.
Chor Bazar, typique marché couvert avec ses fruits, sa viande et ses poulets. Les gens y sont sympas. Achat de chaîne et cadenas pour accrocher mon sac à dos.
Déjeuner au Shalimar où nous nous étions renseignés deux jours plus tôt sur les n° de bus. Bon poulet mandir avec gravy.
Retour au Stiffles. Douche, lessive et mise à jour de ce putain de journal.
Je regrette son départ et je sais que c’est idiot.
Dîner derrière le Taj un peu triste.
17 février 1982
J130 - Bombay, derniers préparatifs
Destination Church Gate où nous obtenons sans difficulté une réservation pour le train d'A. demain à 10h50.
Petit-déjeuner en face du Flora Fontain, chez Pikles, accompagné d’un lourd éclair au chocolat.
J’ai commandé auparavant un appel en PCV pour la maison familiale qui souhaitait m’entendre au téléphone.
A la BNP, pas plus de dollars qu’hier.
A. acquiert « Tropique du Cancer » et moi « Les vagabonds du rail », le tout pour 9 rps.
Deux heures plus tard, je poireaute à la Poste, anticipant le foyer déserté lorsque j’obtiendrais ma communication.
Il n’en est rien, maman est là avec qui nous avons un dialogue audible et agréable, aux considérations fort pratiques.
Entre temps, A. est repartie avec mon passeport chercher le fatidique billet qui l’emportera loin d’ici.
Nous nous retrouvons chez Pikles et partons déjeuner dans un très bon végé près de Horniman Circle : thali, vegetable pati, quantité, qualité et prix raisonnables.
L’après-midi est à nous, du moins ce qu’il en reste.
En chemin, nous cherchons en vain une chaîne en acier, achetons une nouvelle chemise et regardons quelques œuvres miteuses qu’expose le Jehangir Museum of Art.
Le Prince of Wales Museum est quant à lui toujours en grève, depuis plus d’un mois.
On prend quelques repos dans la chambre n°29, puis partons diner dans un nouvel endroit, pas fantastique.
A est triste de ce qu’elle quitte et surtout anxieuse de ce qui l’attend, cette rude vie pour une femme seule à Delhi. Il m’est bien difficile de lui redonner courage.
_____________________La carte de la journée_____________________
16 février 1982
J129 - Le livre de la jungle avec A.
Petit-déjeuner au café Leopold avant de gagner à pied Hutatma Chowk.
En chemin achat de chemises de coton, 10 rps pièce. Ce serait une affaire si, pour le prix de deux, ce salaud n’en avait ôté une hors du sac !
BNP, pas de dollars aujourd’hui. J’obtiens donc mes 3 000 F en roupies et ne peut même pas les convertir en dollars chez Thomas Cook.
Déjeuner d’une Massala Dosa, puis à nouveau Bombay Central.
Les employés sont toujours aussi désagréables. Autour d’eux, comme d’habitude, tournent les habituels vautours en quête de rapines et de bakchich.
Menue et affolée, A. ne sait à qui se vouer car en Inde il est difficile, surtout pour une femme, d’agir pour soi tout seul.
Le seul bon conseil vient d’un allemand, qui m’aborde pour me vendre de l’afghan, du vrai. Il nous dit d’aller à Church Gate où je pourrais obtenir le billet en tant que touriste.
En nous quittant, il ne peut se retenir de rappeler A., lui demandant avec une gentille curiosité comme se fait-il qu’elle soit ce qu’elle est : le rêve des étrangers, l’indienne intelligente et abordable…la perle rare.
Seuls les européens apprécient chez elle ces choses qui effraient l’indigène pour lesquels la femme n’est qu’un animal sacré, un yoni !
A Church Gate, c’est fermé. Vous repasserez demain. Ok !
On traverse Cross Maidan où, sous un immense toit de toile, se tient un meeting religieux rassemblant une quantité de fidèles de Krishna. Un bonze récite dans son micro, une crèche avec Krishna soutenant du doigt une montagne dégoulinante d’eau, des centaines de sadhus au coude à coude bordant les côtés et recevant des offrandes.
Après un café, enchantement au cinéma : "Stop the crime" (sensibilisation contre l’alcool), trois Donald et le superbe "Jungle Story" qu’anime "the Bare Necessities".
Dîner de quelques samossas froids avant de regagner l'hôtel.
Demain nous irons à Church Gate et nous passerons une journée de plus ensemble.
_____________________La carte de la journée_____________________
15 février 1982
J128 - Falkland Road, la "red area" de Bombay
Beaucoup de choses à faire au cours de cette journée qui devrait suffire pour régler les problèmes administratifs.
Office du Tourisme : une étape par Delhi sera nécessaire pour le visa pour le Népal et l'obtention de la carte internationale d’étudiant.
Petit-déjeuner autour de Church Gate, avant d’aller à la Bank of America animée par un italien qui réclame son du en dollars.
Après être allé aux toilettes de l’Oberoi, où les Hare Krishna au crâne rasé forment autant de choquantes tâches de couleur orange, nous enfilons Veer Nariman Road jusqu’à Hutatma Chowk (Flora Fontain).
Là-bas, nous butons sur la porte fermée de l’American Express.
Déjeuner rapide et décevant au Mocambo Café, puis achat de quatre khadis (tissu en coton). L’AmEx n’a rien pour moi.
Nous prenons un bus pour Bombay Central, point de départ d'A. pour une existence individuelle.
Notre adorable indienne s’acoquine avec ces messieurs du snack qui lui promettent un billet qu’il lui faudra venir chercher demain avant 15h.
Nous mettons le cap sur Foras et Falkland, les rues chaudes de Bombay, la « red area ».
Falkland Road est une large avenue fort passante, dont les maisons se détériorent lorsqu’on progresse vers l’Est. Mais ce n’est qu'une fois au milieu des fauves vérolés qu’on a la certitude d’être sur la bonne voie.
De chaque côté de la route, de petites échoppes miteuses si sombres qu’on distingue avec peine le rideau séparant l’arrière-salle où l’on consomme de l’antichambre ouverte sur le trottoir, où s’entassent trois, quatre filles, laides ou abîmées par le maquillage et les maladies qui leur ont rongé le visage.
Triste humanité, d’autant plus gênante à côtoyer en compagnie de la fraîche et vive A., la sœur que n’a pas frappé l’acide du destin.
A combien se monte la passe dans ces endroits sordides qu’animent des prêtresses au physique repoussant ? Et quelle doit être l’horreur du lieu lorsque, avec les ténèbres, les hommes aux sexes téléguidés envahissent de leur présence malsaine cette rue, portés par leur désir qui finira dans un mélange odieux de sperme et de roupies ?
Point de cages comme on en voit sur certaines photos, mais notre salace curiosité est satisfaite et nous continuons jusqu’à couper Chor Bazar à la rencontre d'un bus.
Cette fois-ci, nous dînons au café Leopold, entourés d'indiens ignobles et bedonnants, bovins, gorgés de bière, flanqués de prostituées.
Retour à l’hôtel après une promenade sur Gateway. Trop fatigués pour ressortir voir le film que nous projetions (sic).
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14 février 1982
J127 - Débarquement à Bombay
A. était éveillée depuis longtemps.
J’arrive à temps pour voir l’horizon s’éclaircir progressivement, jusqu’à la violente lueur jaune du soleil ascendant.
Nous sommes pas mal en retard, ce qui inquiète A. qui va rater sa correspondance ferroviaire.
Les shiloms et les joints circulent de plus belle. Je retrouve un gars rencontré au Tourist Guest House d’Agra.
Violente lutte dès la sortie du bateau, jusqu’au départ du taxi qui traine ensuite à la recherche de clients qui amélioreraient son remplissage.
Bombay Central. Le train est raté, A. hésite.
Je téléphone à Gaurang. A 15h, il m’apportera quatre lettres de France.
D’ici-là, je vais installer mes quartiers au Stiffles Hotel, 70 rps la chambre.
Retour à Bombay Central où A., affolée, m’annonce sa décision de repartir pour Goa, la lutte pour un ticket ayant émoussé sa détermination, regrettant son échec et l’argent ainsi gâché.
Thé avec Gaurang qui, toujours aussi sérieux et paternel, nous emmène autour de la gare au YMCA, au Bus Stop puis manger des Idlis et des Bams.
Il repart un peu plus tard et A. vient s’installer dans ma chambre.
Dîner au Delhi Darbar, surpeuplé. A la table d’à côté, deux couples français que j’avais reniflés de loin et qui sont certainement des PNC aventurés en dehors du Taj Mahal. Ça parle psychologie, c’est propre et ça sent bon.
Curieuse sensation de se promener avec A., être menu et aux aguets dont le comportement non-conformiste attire les regards et provoque l’irritation d’une population des plus intolérantes à l’égard de ses membres épris d’individualisme. Elle fume, se vêt comme elle l’entend, accompagne un étranger et n’admet pas un machisme des plus choquants. De quoi s’attirer la colère des deux sexes qui se sentent insultés, bafoués, quelle que soit la classe sociale à laquelle ils appartiennent.
_____________________La carte de la journée_____________________
31 décembre 1981
J082 - Atteindre Goa
Bizarre journée de fin d’année, en rien différente des précédentes.
Voilà qui me fait me sentir bien loin de ma terre natale et des traditions qui s’y rattachent, bien seul aussi puisque n'ayant pas réussi à créer une micro société qui, à échelle réduite, célébrerait les grandes dates « comme là-bas ».
De mal en pis
Un imbécile de l’hôtel me réveille à ma demande, en frappant la porte de ma cellule.
Le lit colle au mur de droite et du fond. A gauche, un étroit couloir d’environ 30 centimètres qu’obstrue une minuscule table de chevet. La porte est à un petit mètre du pied du lit. Seul le plafond semble diablement éloigné, avec son ventilateur, telle une araignée gigantesque tournoyant follement autour de son fil.
Dans un semi-coma, je pratique les ablutions matinales, boucle définitivement mon sac et croise une japonaise harnachée à la routarde auprès de laquelle je m’enquiers de l’heure.
3h du matin ! Que s’est-il passé ? Peut-être a-t-il confondu 50 et 5, nos numéros de chambre ?
Je le réveille pour lui signaler son erreur et surtout lui demander de me réveiller de nouveau à l’heure correcte.
Mal de tête, yeux brûlants.
Avant de prendre un taxi pour rejoindre le ferry wharf, j’ai le temps d'un petit-déjeuner correct et d’acheter un cake pour le voyage.
Embarquement pour Goa
Au bureau des Moghul Lines, j’use de mon introduction auprès d’un responsable qui n’a pas été prévenu et reste un peu sceptique, avant de me céder un billet de faveur pour la classe upper deck.
Le vrai privilège, c’est d'accéder à la salle d’attente des passagers cabine et d’y attendre, peu nombreux, l’ouverture des portes. A côté, dans le grand hall froid, les autres passagers se pressent debout, s’écrasent par centaines contre les grosses grilles qu’on ouvrira au dernier moment, donnant le signal pour le rush sauvage.
Du coup, le porteur qui a tenu à prendre mon sac à dos me réclame un pourboire exorbitant, persuadé d’avoir affaire à un gogo.
Le signal est donné
On nous ouvre une petite porte et, comme des clandestins en fuite, il faut nous hâter de gagner le bateau. Un peu gêné, je passe avec mon sac très voyant devant les grilles secouées par l’impatience des fauves qui trépignent en masse compacte.
A peine sur le bateau, cherchant sans comprendre une place pour le voyage, les grandes portes délivrent le flot humain.
Empoignade démente, rendue plus sauvage encore par les dockers revêtus de la même veste rouge, poussant ensemble un même cri, rugissement de ralliement, comme s’ils voulaient exciter davantage le troupeau qui déferle maintenant avec l’irrésistibilité d’un raz-de-marée. En quelques secondes, le pont est envahi.
Je suis resté hésitant, ne sachant quelle place occuper, et me retrouve coincé contre un plat-bord, proche d’une rigole d’écoulement, dans le sens de la courbure du pont.
Tout autour, les indiens ont déployé de larges couvertures, délimitant leurs territoires annexés, comme des colonisateurs américains procédant à un pique-nique sur des territoires vierges. Patchwork sur le pont, avec toutes ces familles solidement campées sur leurs pièces de drap, prêtes à repousser un éventuel envahisseur.
En bateau, il ne se passe rien
Surtout dans mon état fiévreux, qui ne me donne pas le cœur à engager une conversation avec les gamins curieux et vifs, ou leurs parents qui me pressent de questions.
A l’arrière du pont, les européens et quelques locaux ont, paraît-il, bu et dansé tard dans la nuit.
Coincé contre le bord d’acier du navire, poussé par les pieds des autres passagers, je me suis couché de bonne heure pour oublier cette fièvre qui me brûle.
_____________________La carte de la journée_____________________
30 décembre 1981
J081 - L'extraordinaire trinité d'Elephanta
D’assez bonne heure, les premiers bateaux quittent le quai que surplombe Gateway of India, emmenant des flots de touristes s’ébahir devant les grottes d’Elephanta.
On traverse la baie, jetant un coup d’œil au passage sur les gigantesques installations portuaires.
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En bateau vers Elephanta, Bombay (Mumbai) |
Elephanta est une petite île vallonnée et couverte de verdure. On l’aborde par une longue digue tranchant sur les fonds sablonneux, se prolongeant par un escalier fort raide menant aux grottes.
Notre guide est une charmante jeune indienne, adorable et maladroite dans son rôle d'institutrice effarouchée, elle donne tout ce qu’elle sait.
Le Shiva tricéphale
Les sculptures dans la pierre de la grotte sont d’une troublante beauté.
Shiva Nataraja roi des danseurs, dont le visage conserve une calme sérénité malgré la pose qu’il prend en dansant, est entouré des siens et fait face à un Shiva maître du yoga quelque peu mutilé.
Shiva au faciès terriblement grimaçant, canines dehors, après la victoire sur le démon Andhaka.
En longeant la chapelle centrale au lingam, les colosses de pierre faisant office de gardiens prennent des poses majestueuses, la main gauche négligemment appuyée sur la ceinture, tels des cow-boys nonchalants le pouce glissé dans la cartouchière.
Epousailles de Parvati et de Shiva, ce dernier toujours en possession de toute sa classe.
Descente du Gange sur la terre.
Shiva androgyne au torse curieusement ambigu.
Shiva tricéphale enfin, véritable chef d’œuvre qui suscite émotion et admiration teintée d’un peu de foi païenne.
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Trimurti Sadashiva, Shiva tricéphale, grottes d'Elephanta, Bombay (Mumbai) |
La face centrale ne nous regarde pas, elle ne regarde nulle part, délicatement introvertie sur une sérénité pure et sans rides. On constate un calme intérieur qui seul peut donner aux traits du visage cette tranquillité, cette beauté et cette paix. Nulle expression, mépris, amour, souffrance, joie, plaisir, mais une supériorité d’âme qui ne s’affiche pas, qui est et devant laquelle on s’incline. Détachement ultime et majestueux, Shiva est bouddha. Il est dieu.
A gauche, flanquant cette entité, le Shiva destructeur moustachu, à la moue quelque peu cruelle et belligérante, fait face à un délicieux cobra.
Il tourne le dos au Shiva sensuel, le créateur aux lèvres charnues qui tient à la main une fleur de lotus.
Amusants québécois. L'un deux, prosélyte d’un guru, me présente comment il ressent sa spiritualité à la façon d’un voyageur de commerce, d’autant plus flagrante que je lis actuellement la prose de Krishnamurti. Ce gars met une curieuse anxiété à me convaincre de la réussite de son stage mystique, de la nécessité d’une visite à son ashram de 1500 personnes où le maître parle de temps en temps, et où lui-même exerce l’emploi de caissier dans le snack de cette micro société lassée de la cuisine indienne.
De retour en bateau, j’ai la chance de rencontrer un français qui regagne Paris demain. Je saute sur l’occasion pour lui donner à ramener en France mes pellicules et celles de Thomas. Il me fait confiance et je n’ai nul besoin pour cela de jouer un rôle que j’aurais refusé.
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Taj Mahal Palace, Taj Mahal Tower et Gateway of India, Bombay (Mumbai) |
Course jusqu’à la Bank of America où je ne récolte que 193 petits dollars.
Montée à l’Oberoi, photo de la baie, avant de filer jusqu’à l’AmEx dans l’espoir d’y trouver la lettre de B. En vain.
Je traîne ensuite longtemps, cherchant un change avantageux pour les dollars récupérés deux jours auparavant. Les poches gonflées de billets, je rentre à l’hôtel.
Dégustation ensuite d'un délicieux tandoori, attablé avec un couple de Malaisie sympathique et souriant.
Demain, bateau pour Goa, il faut préparer le sac.
_____________________La carte de la journée_____________________
29 décembre 1981
J080 - Déambulations dans Bombay
Je quitte l’hôtel d’assez bonne heure, m’engouffre dans un taxi avec un gros paquet de toile sous le bras – direction Post Office.
Un employé débrouillard m’extorque deux roupies en cachetant mon paquet qui pèse absurdement 5,1 kg, alors que l’échelle de prix s’applique sur les pesées suivantes : 1, 3, 5, 10, 15, 20 kg !
Heureusement, je convaincs l’employé, en lui intimant d’être raisonnable, de ne compter que 5 kg, ce qu’il finit par faire.
Ensuite je me rue, comme un gangster, faire ma tournée des banques.
Andhra Bank tout d’abord où, en vitesse, j’exige que l’on me remette 1300 roupies (150 $) en petites coupures usagées.
Ensuite Bank of America où je tire la même somme convertie en traveller’s chèques. Je double ma mise en envoyant un télex à ma banque demandant une rançon de 300 $. Ceux-ci ne m’accorderont que 163 $, ce qui correspond aux 2000 F autorisés par semaine.
Non loin de la Bank of America, domine l’Oberoi Hotel.
Pendant quelque temps, j’erre dans les galeries marchandes, acquérant un Nouvel Observateur qui relate le matage de la Pologne.
Vue splendide depuis le dernier étage de ce grand building avant de déguster une petite bière au coffee shop.
Un flipper à un franc
Vers 17h, retour dans mon étroite chambrée où Gaurang, accompagné d’Ellory me rejoint bientôt.
Nous traînons quelque temps sur Mahatma Gandhi Road, regardant les kurta. J’initie ces deux zigotos au flipper sur un Williams qui porte encore sur sa tranche le tarif « un franc une partie ». Surprenant !
Finalement, nous réussissons à joindre le copain dont le père est directeur des Moghul Lines. Il suffira que je me pointe un peu plus tôt au bureau en me recommandant de ce monsieur là pour obtenir un billet.
Excellent dîner au Delhi Karbar dans lequel Gaurang s’acharne à tout commander sans constater notre amusement. Il fait bien les choses d’ailleurs et nous avons le droit d’obtenir : un demi-tandoori chicken absolument excellent, un mutton massala, un mutton biryani, le tout accompagné d’un léger et rafraîchissant dahi que parfument des légumes et des fines herbes. Une kulfi vient conclure ce bon dîner que je tasse avec une Marlboro et règle d’un billet. Je suis étonné du prix fort raisonnable alors que trois personnes se sont vraiment régalées.
Comme dans une soirée parisienne grand standing, nous prenons un taxi qui nous emmène voir un navet que je pressentais, sans en mesurer exactement l’ampleur : « Le choc des Titans ».
Le cinéma est vaste, comme partout en Inde, et, parfois, au cours du film, nous avons droit à des effets stéréophoniques bizarres lorsque le son provient de l’arrière de la salle.
Le sujet mythologique est traité avec grandiloquence, de façon ridicule. Les effets spéciaux ne séduisent à aucun moment le spectateur : Zeus est entouré d’une série de rayons lasers bleus censés représenter une auréole divine, Pégase vole comme une grossière marionnette blanche dont on tripoterait les fils. Par moment le déplacement des monstres fait peine à voir, on aimerait les aider tellement leurs gestes saccadés et maladroits trahissent leur handicap.
Pour finaliser l’illusion d’une sortie à l’européenne, nous vidons un godet dans le café d’en face, grouillant d’étudiants. J’écoute une apologie de « All that jazz » et me fait expliquer toute la finesse de ce film qui résiderait dans sa subtile évocation de la mort.
Retour en taxi et nuit ma foi…comment fut elle que diable ?
_____________________La carte de la journée_____________________
28 décembre 1981
J079 - Un point sur la situation
Journée passée à organiser et à mettre au point ma situation actuelle.
Problème de gamètes
A 11h30, je suis à Church Gate pour un examen : l’accumulation de gamètes n’a pas atteint une densité suffisante.
Ensuite, je file faire la tournée des différentes banques.
BNP où sévit un employé à qui j’explique en français la mesquinerie de ses procédures et la chicherie de leurs services : quatre chèques à libeller, tirage limité à 2000 F par semaine sans possibilité de tirer plus en télexant, etc…Mais d’un autre côté je suis payé cash en dollars, ce qui me permet de faire ultérieurement un change avantageux au noir.
Etrennes
Dans la librairie d'à côté, j’achète un bouquin d’Adrian Hill sur le sketch et, suivant les préoccupations du moment, un livre de Krishnamurti, "the Impossible Question".
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How to draw, par Adrian Hill |
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The impossible question, J. Krishnamurti |
Peu après, déjeuner dans cette pâtisserie snack bien reposante, en face de la fontaine en plein centre-ville.
Après-midi agréable, dépensant avec confiance l’argent tiré le matin même.
J’ai comme le sentiment que ma carte bleue m’a donné des étrennes. Brave marraine !
Travaux manuels
Achat d’ustensiles à dessin (sketch book, crayons et Rotring Ink), toile, fil et aiguille en vue de procéder à l’empaquetage et à l’envoi de mon excédent de bagage.
J’acquiers une paire de tennis en toile, ainsi que des chaussettes immaculées de blancheur qui me donneront, pendant quelque temps, tandis que sous mes yeux apparaissent alternativement ces deux objets blancs sur le sol crasseux, l’impression surprenante d’être propre comme un golfeur ou comme une star sous le feu des projecteurs.
Dans la foulée (!), je fais l’achat d’une carte du monde de chez Bartholomew qui me procurera de bons moments de rêveries spéculatives.
Enfin, le soir, je téléphone de l’hôtel à Gaurang afin d’annuler le rendez-vous à l’hôpital au cours duquel j’aurais rencontré un hématologue.
27 décembre 1981
J078 - Dans Bombay avec Gaurang
Gaurang est arrivé à 10h comme prévu et nous sommes partis petit-déjeuner.
On a failli se rater, les gens de l’hôtel disant que je n’existais pas et d’autres renseignements du même type.
Deux heures de trajet pour venir jusqu'ici, et pas la moindre remarque agacée, fabuleuse leçon d’hospitalité pour des européens habitués à mesurer leurs efforts en prenant soin de réserver leur temps pour eux-mêmes.
Il a habité par ici et connaît un coin sympa où les œufs brouillés sont délicieux.
Décontraction d’être accompagné par un traducteur bienveillant.
Mes intérêts sont tout de suite pris en charge et, peu après, je me retrouve avec le fils d'un chairman de Moghol Lines, qui va faire en sorte de m’obtenir une place pour Goa en cette période de fin d’année surbookée.
Je pénètre dans un intérieur indien qui, malgré la chaîne Hi-Fi et la télévision, luxes extravagants, n’a pas beaucoup de sophistication.
Plus tard, nous nous dépêtrons avec facilité dans l’imbroglio inextricable que représentent d’habitude pour moi les lignes d’autobus et leurs destinations.
En bus pour Malabar Hill
Nous atteignons Malabar Hill au niveau de Banganga Tank, qui désigne un ghat assez piteux mais dont l’origine est amusante et que j’apprends à mon ami (note : Rama lors de son périple avec Lakshmana vers Ceylan s'arrêta ici pour une halte. Il aurait fait jaillir l'eau d'un coup de flèche pour se désaltérer).
Celui-ci, en retour, est une mine de renseignements dans le temple où nous pénétrons, dédié à Shiva (Mangesh) et à Durga, les deux divinités qu’il vénère.
Nouveau bus jusqu’au Hanging Garden d’où l'on découvre une splendide vue sur la ville et sa baie fabuleusement galbée.
En bas, Chowpatty Beach, au loin sur le front de mer, les buildings de l’Hôtel Ambassador, Air India, Oberoi Hôtel. Vers l’intérieur, on aperçoit le clocher de l’université, le dôme du Albert Hall et au fond, à l’horizon, les sombres masses des îles éloignées.
Du côté opposé, les tours du silence parsis.
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Chowpatty Beach et Marine Drive depuis Hanging Garden, Malabar Hill, Bombay (Mumbai) |
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Marine Drive depuis Kamla Nehru Park, Bombay (Mumbai) |
Me voilà ensuite entrainé dans un restaurant, le Behlpuri, où, sur les injonctions de Gaurang, je goûte successivement le Behl, le Pani Puri, le Dahli Patala Puri et la délicieuse Kulfi. Autant de spécialités de Bombay qui me seraient restées étrangères sans mon hôte qui me régale.
Encore un bus pour atteindre le temple de Mahalakhsmi, consacré à trois divinités féminines et plus particulièrement à la femme de Krishna. De la terrasse, on découvre la tombe de Haji-Ali dont la chaussée empruntée par les fidèles est recouverte à marée haute.
Mon Noël indien
Gaurang m’emmène ensuite chez un ami, Ellory, fêter un Noël qui m’a manqué.
Deux changements, un pied écrasé, une heure et demie de train, nous voilà arrivés.
Les parents sont là avec le fiston et quatre camarades de médecine de mon âge. Ambiance goûter de classe, puis quelques alcools, des sandwichs préparés par maman et servis avec cérémonie, musique pop assez fort (Donna Summers, Abba, Demis Roussos mais aussi « Love is a drug for me » de Roxy Music).
J’achète des cigarettes. On danse.
Le souvenir des soirées et des ambiances de camaraderie et de fête m’apporte un jusant de nostalgie.
Conversations téléphoniques
Vers 21h, nous prenons congés et rentrons en train.
Victoria Terminus, puis le Telegraph Office où je passerais une partie de la nuit sur un banc à attendre deux communications téléphoniques.
J’obtiens satisfaction au niveau technique mais, au niveau psychologique, je me rends compte qu’il n’y a rien à tirer d’une relation avec la France pour le moment. Ni nostalgie, ni réconfort.
Je suis vraiment ailleurs, un point c’est tout, pas d’amertume, d’angoisse, ni de cœur trop plein.
_____________________La carte de la journée_____________________
26 décembre 1981
J077 - Flop à l'aéroport
Il est 2h et je vais bientôt rencontrer le commandant L. à qui je demanderai la permission d’utiliser la navette d’équipage. Un ancien comme moi de la compagnie devrait l’obtenir sans problèmes, mais qui sait, peut-être vais-je tomber sur un chieur.
Comment vais-je revivre cette ambiance d’équipage ensommeillé allant prendre la relève de ses camarades dans un avion encore tout chaud ?
Cruelle déception à l'aéroport
Aie ! Les vapeurs de luxe que j’avais anticipées en m’échauffant la cervelle ne seront pas pour moi.
Quatre heures du matin, les uniformes défilent un à un et la tête brune tant attendue n’apparaît pas. Je rattrape la file de l’équipage et, m’adressant au peloton de queue, demande si D. est bien à bord.
Hélas ! Il y a eu un bouleversement de planning et cette charmante représentante de Pégase a été remplacée par un chef de cabine de sexe masculin.
Il ne me reste plus qu’à reprendre une navette dans l’autre sens, avec cet équipage que je quitte au Taj Mahal Hotel, pour retourner par les rues noires dans ce petit matin que seuls peuplent quelques joggers forcenés.
Je passe plusieurs fois devant l’hôtel sans le voir. Le volet était tiré et un indien dormait couché sur le sol devant la porte. Quand je l’ai réveillé pour entrer, il m’a fait signe de sortir, dans sa torpeur.
Il me faudra quelques temps, après m’être allongé, pour trouver un sommeil qui pourrait effacer ma déception.
Réveil curieusement tôt, après 3 heures de sommeil qui me semblent avoir duré plus longtemps.
Après un solide petit-déjeuner dans le resto d’à côté, je pars à la découverte de la pointe de cette grande ville, passant d’abord au Taj Mahal Hotel glaner quelques informations d’ordre touristique.
Courses en vile
Pas loin de Horniman Circle, je parviens à trouver le Permanent Magnet, en face de Old Custom House, où un employé de bureau m’oriente pour contacter les responsables des stages de yoga / méditation.
Ensuite, heureuse surprise à l’American Express où je glane quatre lettres. Deux des parents, deux des copains, pas très gaies.
Du coup, je m’offre un déjeuner arrosé d’une bière dans un snack comme on n’en trouve qu’ici en Inde et qui me rapproche un peu du confort occidental.
Bombay, à la différence de Delhi, est plein d’endroits très corrects pour bouffer, pas le foisonnement des tea-stalls qu’on peut trouver un peu partout. Ici, on peut s’assoir, se reposer, écrire au calme, sans être agressés par le cadre et l’ambiance.
Puis consulat de France, fermé jusqu’au 28.
Pour faire bon poids bonne mesure, je vais jusqu’au GPO où il n’y a rien, sauf pas loin les gigantesques constructions baroques et ridicules du Victoria Terminus.
Ces locaux de chemin de fer ont décidément une allure bien religieuse !
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Victoria Terminus (Chhatrapati Shivaji Terminus), Bombay (Mumbai) |
Retour à l’hôtel.
En chemin, je m’arrête à la Bibliothèque Municipale, puis dans un bureau de poste à côté du Mint, cet endroit protégé où l’on créé les valeurs, pour essayer de joindre le copain de Patrick. Bide, puisqu’il ne rentrera qu'au mois de Janvier, étant à Madras pour le moment.
Mon seul succès de la journée
J’arrive à joindre Gaurang qui me reconnaît au téléphone et avec qui j’arrange un rendez-vous pour demain vers 10h.
Malgré la fatigue des derniers jours, je parviens à me coucher à une heure avancée.
Une chambre vraiment ignoble
Comme des stalles pour chevaux, ils ont divisé et segmenté géométriquement une grande salle. La coursive ainsi formée, avec ses cellules de part et d’autre faites de cloisons en contreplaqué, mène directement de la porte d’entrée - trois mètres de large tout au plus, occupés en grande partie par la table de la réception - jusqu’aux chiottes, tout au fond.
C'est sinistre et le bruit est agressant depuis que les travaux d’aménagement de l’air conditionné envahissent l’étroit couloir. Investissement non superflu, car il règne une chaleur infernale : quand on pénètre dans la chambre, l’air chaud que brasse le ventilateur ne suffit pas à effacer cette suffocante impression d’étuve.
En aménageant ici, le patron m’a dit que j’avais de la chance de ne payer que 70 roupies. Avec une nuance de fierté, il m’a dit que cela serait 90, une fois l’air conditionné installé.
_____________________La carte de la journée_____________________
25 décembre 1981
J076 - Noël à Bombay
La découverte de la banane écrasée, d’où dégouline un jus noir et collant à l’intérieur du petit sac qui m’a servi d’oreiller pendant la nuit, porte au nombre de trois les fautes d’étourderie commises dans la journée d’hier.
J’avais d’abord fait une entrée triomphale dans le compartiment, allongeant mon sac à dos sur la banquette du milieu. Alerté par les exclamations des passagers, je me rendais compte que des flots d’eau s’échappaient d’une des poches latérales de mon lourd fardeau et trempaient le voisin tranquillement assis sur la banquette inférieure.
Peu après, ayant rangé mon sac sur le sol, je prenais mes médicaments, qui, je l’espère, viendront à bout de mes ennuis intestinaux. Une nivaquine déjà dans la paume, je décapuchonnais distraitement un flacon, pensant en tirer deux gélules d’Intétrix, bicolores blanches et rouges. Le flacon contenait en fait de l’élixir Parégorique qui dégoulinait de ma main sur mon sac, répandant partout sa liqueur poisseuse au fort goût d’anis.
Heureusement mes voisins ne furent pas touchés, car peut être auraient-ils pris la décision de se débarrasser de ce distrait dangereux.
A Ahmedabad, il faut changer de train
Arrivé à 6h, le Gujarat Express quittant la gare à 7h10, j’ai le temps d’errer dans la gare, lourdement lesté, à la recherche du guichet qui pourrait délivrer une réservation pour cette seconde portion de trajet.
J’abandonne un peu plus tard, après avoir terrorisé une nouvelle fois un indien qui profite, comme d’habitude, de sa paroi de plexiglas pour négliger de répondre aux questions, pour rester les yeux dans le vague dans une attitude d’attente pseudo contemplative, ou pour baragouiner une réponse inaudible en regardant ailleurs. Je l'avais tiré de sa léthargie en tambourinant avec force sur son bouclier, puis l'avais quitté en le gratifiant d’un « Thank You » que démentait une affreuse grimace.
Du coup, je ne compte plus désormais que sur ma bonne étoile pour faire les 9h de trajet restantes dans les conditions les moins défavorables possibles.
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Dans le train Jodhpur - Ahmedabad - Surat - Bombay |
Repas de Noël
Grâce à des voisins attentionnés, je passe les premières heures assis, négligeant de mettre de mon côté le contrôleur, qui me déplait fortement, à l’aide d’un bakchich me permettant d’obtenir une réservation soudoyée.
A 13h, après Surat, je suis viré de ma place par un nouveau contrôleur, encore plus teigneux. Il ne veut rien savoir, ce qui provoque de ma part une attitude m’ôtant tout espoir de trouver un coin pour m’asseoir.
Tant pis, j’accepte les choses avec indifférence, satisfait de provoquer la colère de ces petits employés prenant des intonations de sergents recruteurs du fait des maigres responsabilités qui leur sont imparties. Provoquer en quelques secondes un flot de paroles incompréhensibles, gutturales et agressives, puis ensuite, le regarder placidement et naïvement s’étrangler de sa propre bave, vaut bien de passer le reste du trajet, debout entre les toilettes et la porte qui donne sur la voie, puis assis sur un sac entre les deux wagons, encadré par deux pauvres types plus crasseux que le sol du train et avec lesquels j’ai plaisir à partager mes oranges et mes biscuits.
Bombay enfin !
A 18h, je suis à Bombay Central.
Voilà que l’argent commence à me filer entre les doigts. Il faut dire que je ne le retiens pas. 15 roupies de taxi jusqu’au Taj Mahal Hotel où je viens m’enquérir des listes d’équipage et des pick-up times.
Je pose mon sac à dos dans un coin et le Bell Manager accourt, paniqué, m’intimant l’ordre de sortir car je ne peux pas laisser mon barda ici. Il faut dire que ma présence fait descendre d’un seul coup le standing de l’hôtel.
Un peu plus tard, pour 70 roupies, je trouve une chambre qui ressemble davantage à un box, vu ses parois en contreplaqué aménagées dans la longueur de l’habitation. Il règne une épaisse chaleur que ne parvient pas à dissiper le ventilateur qui marche à fond. Mais la douche fonctionne et c’est l’essentiel.
Dîner copieux pour 25 roupies avant de me balader autour de l’India Gate et d’y somnoler quelque peu.
Plus tard, vers minuit, au Coffe Shop « Shamina » du Taj : je m'y ruine en craquant pour un steak frites qui me requinque sans problème, tout en allégeant mon porte-monnaie.
Dans une heure ou deux, je vais retrouver D.
_____________________La carte de la journée_____________________
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