L'Inde, destination classique pour un voyage initiatique. Ce carnet de voyage relate jour par jour impressions et états d'âme. Il sera agrémenté autant que possible de photos ou de dessins.
29 décembre 1981
J080 - Déambulations dans Bombay
Je quitte l’hôtel d’assez bonne heure, m’engouffre dans un taxi avec un gros paquet de toile sous le bras – direction Post Office.
Un employé débrouillard m’extorque deux roupies en cachetant mon paquet qui pèse absurdement 5,1 kg, alors que l’échelle de prix s’applique sur les pesées suivantes : 1, 3, 5, 10, 15, 20 kg !
Heureusement, je convaincs l’employé, en lui intimant d’être raisonnable, de ne compter que 5 kg, ce qu’il finit par faire.
Ensuite je me rue, comme un gangster, faire ma tournée des banques.
Andhra Bank tout d’abord où, en vitesse, j’exige que l’on me remette 1300 roupies (150 $) en petites coupures usagées.
Ensuite Bank of America où je tire la même somme convertie en traveller’s chèques. Je double ma mise en envoyant un télex à ma banque demandant une rançon de 300 $. Ceux-ci ne m’accorderont que 163 $, ce qui correspond aux 2000 F autorisés par semaine.
Non loin de la Bank of America, domine l’Oberoi Hotel.
Pendant quelque temps, j’erre dans les galeries marchandes, acquérant un Nouvel Observateur qui relate le matage de la Pologne.
Vue splendide depuis le dernier étage de ce grand building avant de déguster une petite bière au coffee shop.
Un flipper à un franc
Vers 17h, retour dans mon étroite chambrée où Gaurang, accompagné d’Ellory me rejoint bientôt.
Nous traînons quelque temps sur Mahatma Gandhi Road, regardant les kurta. J’initie ces deux zigotos au flipper sur un Williams qui porte encore sur sa tranche le tarif « un franc une partie ». Surprenant !
Finalement, nous réussissons à joindre le copain dont le père est directeur des Moghul Lines. Il suffira que je me pointe un peu plus tôt au bureau en me recommandant de ce monsieur là pour obtenir un billet.
Excellent dîner au Delhi Karbar dans lequel Gaurang s’acharne à tout commander sans constater notre amusement. Il fait bien les choses d’ailleurs et nous avons le droit d’obtenir : un demi-tandoori chicken absolument excellent, un mutton massala, un mutton biryani, le tout accompagné d’un léger et rafraîchissant dahi que parfument des légumes et des fines herbes. Une kulfi vient conclure ce bon dîner que je tasse avec une Marlboro et règle d’un billet. Je suis étonné du prix fort raisonnable alors que trois personnes se sont vraiment régalées.
Comme dans une soirée parisienne grand standing, nous prenons un taxi qui nous emmène voir un navet que je pressentais, sans en mesurer exactement l’ampleur : « Le choc des Titans ».
Le cinéma est vaste, comme partout en Inde, et, parfois, au cours du film, nous avons droit à des effets stéréophoniques bizarres lorsque le son provient de l’arrière de la salle.
Le sujet mythologique est traité avec grandiloquence, de façon ridicule. Les effets spéciaux ne séduisent à aucun moment le spectateur : Zeus est entouré d’une série de rayons lasers bleus censés représenter une auréole divine, Pégase vole comme une grossière marionnette blanche dont on tripoterait les fils. Par moment le déplacement des monstres fait peine à voir, on aimerait les aider tellement leurs gestes saccadés et maladroits trahissent leur handicap.
Pour finaliser l’illusion d’une sortie à l’européenne, nous vidons un godet dans le café d’en face, grouillant d’étudiants. J’écoute une apologie de « All that jazz » et me fait expliquer toute la finesse de ce film qui résiderait dans sa subtile évocation de la mort.
Retour en taxi et nuit ma foi…comment fut elle que diable ?
_____________________La carte de la journée_____________________
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