27 décembre 1981

J078 - Dans Bombay avec Gaurang


Gaurang est arrivé à 10h comme prévu et nous sommes partis petit-déjeuner.

On a failli se rater, les gens de l’hôtel disant que je n’existais pas et d’autres renseignements du même type.
Deux heures de trajet pour venir jusqu'ici, et pas la moindre remarque agacée, fabuleuse leçon d’hospitalité pour des européens habitués à mesurer leurs efforts en prenant soin de réserver leur temps pour eux-mêmes.
Il a habité par ici et connaît un coin sympa où les œufs brouillés sont délicieux.
Décontraction d’être accompagné par un traducteur bienveillant.

Mes intérêts sont tout de suite pris en charge et, peu après, je me retrouve avec le fils d'un chairman de Moghol Lines, qui va faire en sorte de m’obtenir une place pour Goa en cette période de fin d’année surbookée.
Je pénètre dans un intérieur indien qui, malgré la chaîne Hi-Fi et la télévision, luxes extravagants, n’a pas beaucoup de sophistication.

Plus tard, nous nous dépêtrons avec facilité dans l’imbroglio inextricable que représentent d’habitude pour moi les lignes d’autobus et leurs destinations.


En bus pour Malabar Hill

Nous atteignons Malabar Hill au niveau de Banganga Tank, qui désigne un ghat assez piteux mais dont l’origine est amusante et que j’apprends à mon ami (note : Rama lors de son périple avec Lakshmana vers Ceylan s'arrêta ici pour une halte. Il aurait fait jaillir l'eau d'un coup de flèche pour se désaltérer).
Celui-ci, en retour, est une mine de renseignements dans le temple où nous pénétrons, dédié à Shiva (Mangesh) et à Durga, les deux divinités qu’il vénère.

Nouveau bus jusqu’au Hanging Garden d’où l'on découvre une splendide vue sur la ville et sa baie fabuleusement galbée.
En bas, Chowpatty Beach, au loin sur le front de mer, les buildings de l’Hôtel Ambassador, Air India, Oberoi Hôtel. Vers l’intérieur, on aperçoit le clocher de l’université, le dôme du Albert Hall et au fond, à l’horizon, les sombres masses des îles éloignées.
Du côté opposé, les tours du silence parsis.


Chowpatty Beach et Marine Drive depuis Hanging Garden, Malabar Hill, Bombay (Mumbai)
Marine Drive depuis Kamla Nehru Park, Bombay (Mumbai)

Me voilà ensuite entrainé dans un restaurant, le Behlpuri, où, sur les injonctions de Gaurang, je goûte successivement le Behl, le Pani Puri, le Dahli Patala Puri et la délicieuse Kulfi. Autant de spécialités de Bombay qui me seraient restées étrangères sans mon hôte qui me régale.

Encore un bus pour atteindre le temple de Mahalakhsmi, consacré à trois divinités féminines et plus particulièrement à la femme de Krishna. De la terrasse, on découvre la tombe de Haji-Ali dont la chaussée empruntée par les fidèles est recouverte à marée haute.


Mon Noël indien

Gaurang m’emmène ensuite chez un ami, Ellory, fêter un Noël qui m’a manqué.
Deux changements, un pied écrasé, une heure et demie de train, nous voilà arrivés.
Les parents sont là avec le fiston et quatre camarades de médecine de mon âge. Ambiance goûter de classe, puis quelques alcools, des sandwichs préparés par maman et servis avec cérémonie, musique pop assez fort (Donna Summers, Abba, Demis Roussos mais aussi « Love is a drug for me » de Roxy Music).
J’achète des cigarettes. On danse.
Le souvenir des soirées et des ambiances de camaraderie et de fête m’apporte un jusant de nostalgie.


Conversations téléphoniques

Vers 21h, nous prenons congés et rentrons en train.
Victoria Terminus, puis le Telegraph Office où je passerais une partie de la nuit sur un banc à attendre deux communications téléphoniques.
J’obtiens satisfaction au niveau technique mais, au niveau psychologique, je me rends compte qu’il n’y a rien à tirer d’une relation avec la France pour le moment. Ni nostalgie, ni réconfort.
Je suis vraiment ailleurs, un point c’est tout, pas d’amertume, d’angoisse, ni de cœur trop plein.

_____________________La carte de la journée_____________________

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